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Résumé

Cette étude de portée (scoping review) examine la vulnérabilité des jeunes à double statut, c’est-à-dire ceux placés sous la juridiction des systèmes de protection de la jeunesse (PJ) et de justice pénale pour adolescents (JPA). En effet, les adolescent·es sont confronté·es à des défis spécifiques qui compliquent considérablement leur réinsertion sociale.

 

Le premier objectif est de décrire les caractéristiques générales et les trajectoires de services de ces jeunes. Par exemple, il a été observé que ceux ayant bénéficié des services de la PJ sont moins susceptibles d’entrer en contact avec le système de JPA, comparativement à ceux signalés pour abus ou négligence mais n’ayant pas reçu de suivi. D’autres études mettent en évidence l’importance de la stabilité des placements pour prévenir l’engagement dans le système de JPA.

 

Le deuxième volet explore les caractéristiques spécifiques des jeunes à double statut, notamment l’âge, le genre, l’appartenance ethnoculturelle, les troubles de santé mentale, les antécédents traumatiques, la scolarité, l’insertion sociale, et les risques de récidive. Par exemple, il apparaît que les jeunes femmes à double statut subissent souvent des retards dans l’application de leurs mesures de placement, tandis que les jeunes issus de minorités ethniques, comme les Afro-Américains et les Autochtones, sont surreprésentés dans les deux systèmes.

 

Troisièmement, ce qui concerne la santé mentale, il est établi que les jeunes à double statut sont plus exposés à des traumatismes et présentent des symptômes de stress post-traumatique plus graves que leurs pairs. La collaboration intersectorielle est donc essentielle pour répondre adéquatement à leurs besoins.

 

La recension aborde ensuite les questions de scolarité et d’insertion sociale. Il s’avère que les jeunes à double statut affichent souvent des résultats scolaires faibles et sont plus à risque d’exclusion sociale.

 

Dans un cinquième temps, la synthèse identifie certaines lacunes dans les politiques et pratiques actuelles. Aux États-Unis, par exemple, les jeunes Afro-Américains à double statut sont moins fréquemment intégrés dans les programmes de probation. Au Québec et au Canada, des problèmes de coordination entre les systèmes de PJ et de JPA sont signalés, ainsi qu’un risque accru de stigmatisation lié à certaines dispositions de la LSJPA (par exemple, l’importance de la présence et du soutien des parents).

 

Enfin, la présentation souligne l’importance des pratiques de collaboration intersectorielle. Des modèles comme le Crossover Youth Practice Model ou l’approche WrapAround ont démontré l’efficacité de la collaboration entre les systèmes de justice.

 

Les recommandations finales insistent sur la nécessité d’une approche intégrée, de la formation des professionnel·les, de l’implication des jeunes et de leurs familles, ainsi que du développement de stratégies spécifiques visant à prévenir la récidive, favoriser la réinsertion sociale et promouvoir le bien-être de ces adolescent·es vulnérables.

Objectifs

  • Comprendre les défis uniques auxquels sont confrontés les jeunes à double statut.
  • Identifier les leviers et les lacunes dans les politiques et pratiques actuelles.
  • Envisager des pratiques de collaboration intersectorielles efficaces.

Conférencier

Denis Lafortune, Ph. D.

Denis Lafortune, Ph. D.

Professeur titulaire, École de criminologie, Université de Montréal. Directeur scientifique, Institut universitaire Jeunes en difficulté, CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal. Chercheur, Centre de recherche de l'Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel.

Denis Lafortune, chercheur et professeur en criminologie, est titulaire d’un doctorat en psychologie. Il a débuté sa carrière comme psychologue clinicien, travaillant pendant dix ans auprès d’adolescent·es et d’adultes souffrant de troubles sévères de santé mentale. En 2000, il a rejoint l’École de criminologie de l’Université de Montréal où il a occupé le poste de directeur de 2014 à 2017. Durant son mandat, il a mené des réformes importantes, notamment la révision de plusieurs programmes d’études et la codirection du projet ayant conduit à la création de l’Ordre professionnel des criminologues en 2014.

 

En tant que chercheur principal, Denis Lafortune a dirigé de nombreux projets portant sur des sujets variés, tels que l’usage des médicaments psychotropes chez les jeunes placés hors de leur milieu familial, les jeunes auteur·trices d’agression sexuelle, la prévention de l’adhésion des jeunes aux gangs de rue, ainsi que les effets de la pandémie de COVID-19 sur le système de protection de la jeunesse. Ses recherches lui ont permis de publier ou de copublier six livres, de nombreux articles scientifiques, chapitres de livres, rapports de recherche et guides de pratique destinés aux professionnels.

 

Ses contributions sur le plan de la recherche incluent par exemple l’analyse de la prévalence des troubles mentaux chez les détenu·es canadiens, publiée dans l’International Journal of Law and Psychiatry, ainsi qu’une réflexion approfondie sur l’alliance de travail en contexte d’autorité avec les adolescent·es, publiée dans Residential Treatment for Children and Youth.

 

Depuis 2016, il occupe le poste de Directeur scientifique de l’Institut universitaire Jeunes en Difficulté (IUJD), une infrastructure de recherche soutenue par le Fonds de recherche du Québec – Société et Culture (FRQSC). Il y supervise une programmation de recherche structurée autour de quatre axes principaux :

  1. victimisation et maltraitance;
  2. troubles du comportement et délinquance;
  3. adaptation scolaire et insertion sociale; et
  4. pratiques professionnelles dans le système public.

Ces travaux visent à mieux comprendre les jeunes en difficulté et à développer des interventions efficaces pour répondre à leurs besoins.