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Résumé

La problématisation courante de la violence conjugale dans les sociétés nord-américaines et d’Europe de l’Ouest, issue à la fois du débat politique et des travaux académiques, conçoit globalement les hommes comme des agresseurs (qui exercent la violence) et les femmes comme des victimes (qui subissent cette violence) (Brassard et Spielvogel, 2018). Cette conception induit une prescription de services différenciés selon le genre, à savoir une prise en charge correctionnelle pour les hommes (système pénal) et de services de protection pour les femmes (réseau des maisons d’hébergement) (Turcotte, 2012). Nos recherches, réalisées en collaboration avec les Autochtones, amènent pourtant à conclure que cet angle d’appréhension, bien que pertinent, ne suffit pas à intégrer la conception que nos partenaires autochtones se font de la problématique.

La prise en charge des hommes par le système pénal et celle des femmes par les services d’hébergement ne semble pas diminuer les taux de violence en contexte autochtone (Burczycka, 2016). Toutefois, on assiste depuis quelques décennies à l’émergence d’approches, dites de guérison, typiquement autochtones (Bopp, Bopp et Lane, 2003). Plusieurs initiatives ont été mises en place par des organisations représentant les intérêts des populations autochtones du Canada (qu’on pense notamment à la Fondation autochtone de guérison, de 1998 à 2014), mais aussi directement par les collectivités autochtones et le milieu communautaire allochtone (Shea, Nahwegahbow et Andersson, 2010). Au Québec, outre le réseau des maisons d’hébergement pour femmes autochtones, on a vu apparaître, tant en communauté qu’en milieu urbain, des ressources pour femmes, pour hommes et pour les familles (cercles de partage pour femmes et hommes à Uashat mak Mani-Utenam ; Maison des hommes de Mingan ; site de ressourcement en milieu naturel de la Maison communautaire Missinak pour les familles autochtones, etc.). Ces approches d’intervention insistent notamment sur l’importance de l’inclusion des hommes et de l’ensemble de la communauté dans les processus de guérison (Ziegler, 2008) et utilisent des méthodes qui intègrent différents éléments des traditions culturelles autochtones: rites et croyances spirituels, retraites dans la nature, groupes de partage, activités d’artisanat, etc. Notre présentation expose les résultats d’une étude qualitative, menée auprès de 36 femmes et hommes autochtones du Québec, qui ont connu une interruption des incidents de violence conjugale et familiale au cours des dernières années. Plus spécifiquement, nous souhaitons : 1) identifier et décrire, à partir des récits d’expérience, les contextes et les diverses stratégies et actions qui ont participé à l’interruption d’une dynamique de violence et familiale chez les hommes et des femmes autochtones; 2) analyser la manière dont ceux-ci/celles-ci ont fait usage de ces stratégies et enfin, 3) identifier les stratégies mises en place pour favoriser le maintien de la non-violence dans leur vie. L’originalité de notre étude réside notamment dans le fait d’adopter une posture préalable qui ne confine pas les hommes autochtones dans un rôle exclusif d’agresseurs et les femmes dans celui de victimes. Nous optons pour un schéma qui fonde la collecte et l’analyse des données sur le principe d’une dynamique de violence familiale dans laquelle nous tentons de situer les trajectoires de sortie de la violence.

Objectifs

  • Identifier et décrire, à partir des récits d’expérience, les contextes et les diverses stratégies et actions qui ont participé à l’interruption d’une dynamique de violence conjugale et familiale chez les hommes et des femmes autochtones;
  • Analyser la manière dont ceux-ci/celles-ci ont fait usage de ces stratégies;
  • Identifier les stratégies mises en place pour favoriser le maintien de la non-violence dans leur vie.

Conférencières

Renée Brassard, Ph.D.

Renée Brassard, Ph.D.

Professeure, École de travail social et de criminologie, Université Laval

Renée Brassard est professeure titulaire à l’École de service social à l’Université Laval depuis janvier 2005. Elle dirige l’École de travail social et de criminologie depuis 2018. Elle est détentrice d’un doctorat en criminologie et ses travaux de recherche portent la justice pénale et les Autochtones, la violence conjugale et familiale en contexte autochtone et la réinsertion sociale des Autochtones. Elle est chercheuse régulière à Recherches Appliquées et Interdisciplinaires sur les Violences intimes, familiales et structurelles/RAIV et membre du Pôle d’expertise et de recherche en santé et bien-être des hommes.

Mylène Jaccoud, Ph.D.

Mylène Jaccoud, Ph.D.

Professeure titulaire, École de criminologie, Université de Montréal

Mylène Jaccoud, Ph.D est professeure titulaire à l’École de criminologie et chercheuse associée au Centre de recherche en droit public de l’Université de Montréal. Elle est membre du Centre interuniversitaire d’études et de recherches autochtones. Elle préside le Forum mondial de médiation. Ses recherches et ses enseignements portent sur les Premiers peuples et la justice pénale au Canada, sur la justice réparatrice et la médiation. Elle mène actuellement une étude sur les trajectoires de sortie des dynamiques de violence en contexte autochtone. Elle a publié en 2003 La justice réparatrice et la médiation pénale : convergences ou divergences (Ed. L’Harmattan)