Résumé
Au cours de l’enfance et de l’adolescence, le fait d’être exposé ou de vivre des violences interpersonnelles est associé à plusieurs conséquences (Dye, 2018; Herrenkohl et al., 2022). Les impacts associés semblent d’ailleurs s’intensifier lorsque plusieurs formes de violence et d’adversité sont vécues (Dunn et al., 2017). Initialement, ces effets ont été décrits en termes de symptômes intériorisés et extériorisés ainsi que de difficultés d’adaptation (McLaugjlin et al., 2012). Parallèlement, les recherches en neurosciences ont mis en lumière certains mécanismes pouvant expliquer ces difficultés d’adaptation (van der Kolk, 2006; Perry et al., 2008; Hambrick et al., 2019). Bien que ces mécanismes neurophysiologiques soient adaptatifs, les comportements qui peuvent en découler (Fitton et al., 2020) sont parfois mal compris ou mal interprétés (Cleaves, 2003).
Le choix des meilleures stratégies d’aide et d’intervention peut alors être modulé par ces connaissances, rendant ces approches plus sensibles au vécu traumatique. En effet, ce vécu peut longtemps demeurer sous-jacent en raison de son impact potentiel sur le système nerveux (Dye, 2018). Cette présentation abordera l’influence de ces expériences de violence interpersonnelle sur le développement des enfants, de leur système nerveux et de leur perception de l’environnement. L’objectif sera d’explorer le lien entre ces expériences et les manifestations de la violence. Nous tenterons ainsi de cibler différents types de réponses au trauma et à la perpétration de la violence qui peuvent favoriser le sentiment de sécurité, le choix et la régulation chez les jeunes (Ford et Blaustein, 2013).
Objectifs
- Reconnaître comment les traumas liés aux violences interpersonnelles influencent le développement du système nerveux et les perceptions.
- Explorer le lien entre l’activation du système nerveux et la manifestation de la violence.
- Déterminer comment répondre de façon à promouvoir le sentiment de sécurité, le choix et la régulation chez les jeunes.
Conférencière
Isabelle V. Daignault, Ph. D., est professeure agrégée à l’École de criminologie de l’Université de Montréal. Psychologue de formation, elle est cotitulaire de la Chaire de recherche interuniversitaire Marie-Vincent sur les agressions sexuelles envers les enfants. Elle est aussi membre chercheuse de l’équipe violence sexuelle et santé (EVISA), du Centre international de criminologie comparée (CICC) et du Consortium canadien sur le trauma chez les enfants et adolescent·es. Son programme de recherche est axé sur l’impact de l’exposition aux expériences potentiellement traumatisantes pendant l’enfance. Ses travaux se penchent plus spécifiquement sur la victimisation sexuelle et sur l’émergence et le maintien de comportements sexuels problématiques chez les enfants. Sa passion réside dans l’étude des stratégies d’amélioration de la prise en charge des enfants et des facteurs qui influencent la santé et le rétablissement des familles exposées à la violence, incluant les pratiques sensibles au trauma et les offres de services centralisés et intégrés.