Résumé
Cette présentation aborde de manière approfondie le traumatisme racial structurel vécu par les jeunes racisés, une question souvent négligée. Une lacune flagrante dans la compréhension des facteurs structurels contribue activement à la création de parcours exclusifs, perpétuant ainsi le mal et les soumettant à une violence structurelle persistante. Tandis que de nombreuses recherches se concentrent principalement sur les facteurs individuels, les aspects structurels et institutionnalisés de la discrimination raciale sont souvent négligés. De plus, l’absence de la voix des jeunes racisés et de leurs communautés complique l’élaboration de pratiques cliniques et d’interventions adaptées à leurs perspectives et priorités. Cette omission constitue une limitation critique, car elle ne parvient pas à saisir l’ensemble des défis auxquels ces jeunes sont confrontés.
Les jeunes noirs se trouvent disproportionnellement pris dans le système de protection de l’enfance, un phénomène qui témoigne d’un profilage racial persistant. Ce processus commence souvent dans les écoles, où des politiques et des attitudes involontaires peuvent précipiter des trajectoires de vie divergentes pour ces jeunes. Les récents rapports du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) mettent en lumière ces pratiques de profilage racial, aggravant les défis déjà rencontrés par ces communautés. De plus, leur surreprésentation dans le système judiciaire reflète une réalité complexe et souvent négligée. Ces chemins de vie distincts sont rarement examinés comme des formes de traumatisme et de violence raciale, malgré leur profond impact. Cette présentation vise à nous inciter à réfléchir de manière critique sur le rôle des systèmes dans la vie des jeunes racisés. Elle souligne l’importance cruciale de remettre en question nos perceptions et définitions de la violence, en examinant quels types de violence sont reconnus et quels types sont souvent ignorés ou minimisés. En explorant ces questions critiques, nous pouvons mieux comprendre comment les jeunes racisés sont affectés de manière disproportionnée par des systèmes qui perpétuent souvent des injustices et des traumatismes structurels. Il est essentiel d’élargir notre perspective pour inclure des formes de violence souvent invisibilisées, afin de développer des politiques et des pratiques plus justes et équitables répondant aux besoins de tous les jeunes.
Cette présentation initiera également une discussion sur la manière dont nous pouvons mieux aborder la détresse psychologique vécue par les jeunes en adoptant une définition de la violence holistique. Cela implique de reconnaître non seulement les défis auxquels sont confrontés les jeunes, mais aussi leur résilience et leur capacité d’agir. En intégrant ces aspects, nous pouvons développer des approches plus inclusives et empathiques favorisant la guérison et le bien-être des jeunes racisés. Il est crucial de valoriser leurs expériences et voix dans la définition des politiques et pratiques, afin de créer des environnements soutenants, reconnaissant et renforçant leur potentiel malgré les obstacles rencontrés.
Objectifs
- Comprendre l’impact omniprésent du traumatisme racial structurel sur les jeunes racisés au sein des systèmes de protection de l’enfance et de justice pour les jeunes.
- Analyser de manière critique les définitions actuelles et les perceptions de la violence, en identifiant les lacunes qui négligent les formes nuancées de traumatisme vécues par les jeunes racisés.
- Explorer des stratégies pour autonomiser et amplifier les voix des jeunes racisés et de leurs communautés dans la création d’interventions réactives et équitables au sein des systèmes éducatif, de protection de l’enfance et de justice, favorisant des environnements soutenant la résilience et l’agentivité.
Conférencière
Alicia Boatswain-Kyte est professeure adjointe à l’École de travail social de l’Université McGill, avec plus de 15 ans d’expérience en tant que travailleuse sociale clinique. Ses recherches examinent le racisme anti-Noir à travers les secteurs de l’éducation, de la protection de l’enfance et de la justice. Ses initiatives de recherche-action émancipatrices militent pour le développement de la responsabilité communautaire noire. Au cœur de son travail réside un intérêt pour la compréhension du traumatisme racial systémique, en mettant l’accent sur la valorisation des expériences vécues et de l’expertise des acteurs de la communauté noire. À travers ces initiatives, Alicia Boatswain-Kyte plaide pour un changement social transformateur au sein de nos institutions et politiques sociales, afin de garantir que tous les individus et groupes puissent participer en tant que pairs pleinement égaux au sein de la société. Son travail vise à identifier des solutions innovantes pour faciliter l’accessibilité des services aux populations marginalisées.